Bonjour,
Je profite d'un moment de calme pour vous expliquer ce titre un peu nébuleux pour certains. Pour ceux qui me lisent régulièrement, la flèche Vélocio n'a rien de secret. Pour les autres il s'agit de réaliser un maximum de km en 24 h avec cinq véhicules à roues sans moteurs.
Notre équipe était constituée de jeunes (Stéphane et Pierre B.), d'anciens (Michel et Pierre S.) et d'un moyennement ancien (André, donc moi...). Nous étions accompagnés, suivis ou précédés d'Alain avec son véhicule bienvenu pour transporter les bagages et les ravitaillements. Et qu'il convient de remercier d'emblée pour son travail en solitaire et efficace tout au long du parcours. Sans lui nous n'aurions pas réussi notre projet.
Partis tranquillement grâce aux feux souvent rouges dans Riom, nous avons pris notre envol vers Saint-Pourçain en tournant efficacement dans un léger vent d'ouest et au sec. Avec la pluie arrivant avant notre halte, j'ai commencé à sécher les relais. Après la pause nous avions une vingtaine de minutes d'avance sur l'horaire prévu : c'est bon pour le moral. Mais le déluge va nous accompagner jusque vers Chazeuil, suivi d'une pluie fine jusqu'aux alentours de Jaligny. Le vent favorable jusqu'à Dompierre confortera notre avance. Je tamponne les cartes à la boulangerie et nous décidons de prolonger jusqu'à Digoin, d'autant plus qu'il ne pleut plus depuis Jaligny.
A Digoin les mouillés aux gros gants, c'est-à-dire tout le monde sauf moi qui porte les gants courts (ne craignant pas le froid), vont se changer. Nous allons profiter de l'abri dans le véhicule et son chauffage au gaz pour déjeuner tranquillement. Une averse passe.
Le soleil arrive et nous repartons vers Paray-Le-Monial. Puis nous rejoignons Marcigny avec un léger vent défavorable. Stéphane et Pierre B., dits les jeunes, assurent la majorité des relais, comme ils le feront jusqu'au bout. J'admire leur force et leur dévouement au succès de l'équipe. Après la pause de Marcigny nous loupons la voie verte et profitons de la circulation intense jusqu'au Coteau. Nous évitons Roanne cette année, ce qui est plutôt bien. Dans la montée du Perreux je préfère gérer, comme pour toutes les autres côtes, pour ne pas me mettre dans le rouge, d'autant plus que je n'ai pas pris le vélo de course et que je sens la différence dans les pentes. Mes collègues grimpent à l'aise.
Dans la montée vers Neulise chacun roule à son rythme. Je vois mes coéquipiers s'éloigner inexorablement, mais nous nous regroupons au rond-point. L'an dernier il me semble que je montais à la même vitesse, mais j'étais devant. Autres équipiers, autres sensations, comme le dit le proverbe que je viens d'inventer (sauf avis contradictoire, bien entendu). A Neulise Michel découvre que sa manette de dérailleur est cassée. Avec Alain ils fixent la chaîne sur son pignon de 15 dents. Avec deux vitesses en changeant de plateau Michel va devoir gérer l'effort. Mais au moins il continue et tiendra jusqu'au bout sans ralentir le groupe et en prenant même des relais..
Quelques travaux vers Balbigny, des camions jusqu'à Feurs, puis le calme sur la petite route de l'autre côté de la Loire (rive gauche). Je décroche un peu, car je ne peux pas tenir à 35 km/h sans me faire mal aux jambes : je préfère m'économiser. A Andrézieux-Bouthéon je valide les cartes dans une station-service. Alain est parti faire cuire les nouilles vers Saint-Chamond. Stéphane utilise son GPS pour nous guider, car la route modifiée par Patrice n'est finalement pas facile à trouver. La montée vers la Talaudière sera à son tour rapide. Une légère contracture m'alerte. Un bruit dans la roue libre m'inquiète à son tour. Je me sens moins en forme que d'habitude.
Sur les conseils de son épouse Alain n'avait pas fait cuire les pâtes à l'avance. Ce furent donc deux assiettes succulentes que j'ai avalées avec du poulet. Avec une banane et beaucoup de boisson je suis rapidement de nouveau en état de bien rouler. L'équipe de Bruno passe à vive allure. Nous mettons les éclairages. Nous avons toujours environ quinze minutes d'avance sur l'horaire prévu. Nous roulons fort, malgré quelques arrêts aux feux rouges, jusqu'à Givors, lieu du troisième contrôle intermédiaire. Pierre S. repère un bureau de tabac où je vais aller faire tamponner. Il est 21h33.
Nous glissons vers le sud le long du Rhône. Nous allons tellement vite qu'Alain vient d'arriver lorsque nous faisons la halte à Condrieu. J'en profite pour préparer les cartes postales. Nous retrouvons Alain peu après Tournon pour un nouveau ravitaillement. Je me dis que l'équipe de Bruno roule fort aussi car nous ne les avons pas encore rattrapés. Il commence à pleuvoir avant Saint-Péray où je cherche, puis trouve une boîte à lettre. Je note l'heure (1h14). Nous n'avons plus beaucoup d'avance mais les pauses sont décalées. Si mes estimations sont bonnes nous devrions récupérer une pause, donc quinze minutes.
Je commence à avoir le hoquet. Je me serre le nez. Au Teil je m'inquiète de ne pas voir Alain, car c'était l'arrêt annoncé. Nous nous arrêtons et j'arrive à le joindre avec mon portable. Il est à Viviers. Je bois un peu. Mais la boisson sucrée est glaciale. Un peu plus loin, près d'un mur, l'envie de vomir me prend. Je pose mon vélo contre le mur et cherche à me soulager. je ne vomis pas vraiment, mais je me sens mieux. Pierre B. m'attend et nous rejoignons Viviers tranquillement. Je ne vois pas Alain aux endroits habituels. En fait il est garé à la sortie de Viviers.
Pierre B. me déconseille le café et préconise un bon potage bien chaud. Je suis même prioritaire. Merci Pierre. Je prends un petit relais à mon rythme; Nous devons monter dans Bourg-Saint-Andéol pour trouver une boîte à lettre. Une petite se dresse sur la droite dans un carrefour. J'y laisse la carte postale après avoir noté l'heure. Nous faisons demi-tour pour reprendre la route de Pont-Saint-Esprit. Je cède du terrain dans la montée, mais je repasse devant dans la descente, ce qui surprend Pierre B.
Décroché de nouveau avant le village, je rejoins le groupe avant le pont sur le Rhône. Ne sachant trop pourquoi, je décide de les faire descendre le long des remparts. Je crie fort. Stéphane est surpris par rapport au GPS, puis je vois Pierre B. toucher le terre-plein central et chuter. Zut. Je suis d'abord inquiet. Je m'aperçois alors que nous allons traverser le Rhône car nous avons loupé le petite ruelle. Nous faisons demi-tour avec nos vélos. Alain me dira plus tard qu'avec son véhicule ce fut plus délicat...
Une fois en bas j'ai reconnu la ruelle. En fait je me suis souvenu un peu tard qu'elle était un peu défoncée. Au bout d'un moment, la route devenant de plus en plus dégradée avec des rainures et des arbres sur le côté, je me suis rendu compte de mon erreur. Je ne me sentais pas fier de mon erreur de capitaine. Heureusement que Stéphane avait son GPS pour nous dire que la route n'était pas loin... Michel pesta contre les routes de Jean-Paul. Mais j'avais fait pire car bientôt le chemin devint sablonneux... Puis des aboiements assourdissants retentirent. Mais quelqu'un fit la remarque que l'on devait être proches de la route. Effectivement nous y étions.
Heureusement personne ne creva. Vers Marcoule Michel et les deux Pierre firent une pause technique. J'en ai profité pour rejoindre Stéphane et nous ratâmes la route de gauche. Au bout d'un kilomètre environ nous fîmes demi-tour (sur les conseils du GPS), croisant nos collègues, qui nous suivirent. Une fois sur la bonne route nous avons rejoint l'Ardoise via Codelet. Alain nous y attendait. Il fallait trouver un endroit pour tamponner les cartes, mais ce n'était pas facile à 6h15 du matin.
Après un dernier ravitaillement rapide, nous repartons. Je décide de prendre une photo vers le panneau de sortie du village. Mes coéquipiers peinent à comprendre et il faut les secouer un peu. Je mets le flash. je leur demande de cacher leur lumière et clic-clac dans l'appareil avec mon vélo pour me représenter sur la photo.Il est 6h17 environ. Il reste environ 43 km à réaliser. Mon compteur indique 8 km de plus.
La route monte et descend, tourne. Nous changeons régulièrement de routes. Le GPS nous ramène plusieurs fois dans le bon chemin. Je vois même un panneau sens interdit sauf riverains. Je nous déclare riverains et nous passons. Je crains le pire, mais il se cache... J'aurais dû challenger la variante proposée par Patrice via Strava. Nous allons dévorer notre avance à grandes dents. Nous avalons les bosses frais comme des gardons. Normal car nous sommes dans le Gard. Pierre me laisse passer une bosse en avant-dernière position car il a eu un problème de chaîne.
Après une belle descente nous traversons le Rhône. Puis nous filons vers Châteaurenard via Barbentane et Rognognas. Les routes sont humides vers l'arrivée. Mes lunettes sont tellement sales que face au soleil très bas je ne vois plus rien car je suis ébloui. Je laisse mes collègues devant. Les yeux baissés je sens un obstacle contre ma roue avant sur la droite. Le trottoir ! Je redresse. Alain qui suivait a cru que j'allais tomber. Mais non ! Pas cette fois.
Un dernier virage, une dernière montée. Le camping est là. J'arrête le GPS. Celà fait 24h et quelques secondes que nous sommes partis. Le compteur du vélo indique 569 km. Le GPS 563 km. La distance déclarée et homologuée sera de 556 km.
J'ai roulé pendant 20h 18 min à 28,01 km/h. Le dénivelé a été de 2309 m, la fréquence cardiaque moyenne de 133 pulsations par minute et de 164 au maximum, la température moyenne de 7°C, minimale de 1°C et maximale de 21°C. Et j'ai laissé 11 734 kcal sur la route.
L'organisatrice nous attendait près du camping pour un contrôle. A noter que nous avons respecté tous les feux rouges. Merci à mes collègues pour cette discipline.
Je remercie toute l'équipe pour avoir assuré le succès collectif de notre épopée et Pierre B. et Michel pour m'avoir parfois attendu alors que j'avais préféré ne pas m'accrocher en grillant mes forces, le rythme de Stéphane, très costaud, étant parfois trop rapide pour moi.
Après avoir pris ma douche j'ai reçu un appel de Bruno qui m'annonça que son équipe avait arrêté à l'Ardoise au bout de 450 km sur les 491 prévus. D'autres équipes feront moins que prévu, ce qui montre que les conditions climatiques étaient moins favorables que l'an dernier.
L'équipe de Jean-Claude réalisera 360 km, ce qui validera les 3 flèches du Mozac CC, avec 15 participants dont 8 débutants et aucun abandon. Une belle performance d'ensemble pour 2018. Notre maxime était : un pour tous, tous pour un. Chacun a apporté son aide et les plus forts ont pris soin du plus faible.
Comme d'habitude le week-end s'est déroulé dans la bonne humeur. Samedi j'ai visité la ville avec Alain et Véronique, malgré un hoquet tenace que seule la nuit (excellente) vaincra. Dimanche nous sommes allés à la concentration à vélo et j'ai vu que j'avais de très bonnes jambes véloces et sans aucune douleur. Le club se place en excellente position dans le classement des distances et j'ai représenté l'équipe sur le podium. Nous avons découvert des vélos surprenants au musée. L'après-midi ce fut une balade à pied, fort agréable.
Finalement un excellent week-end de Pâques pour moi, malgré mes craintes depuis le début d'année. Je retrouve le moral...
Dernière minute :
Finalement nous sommes classés 5èmes au nombre de kilomètres homologués (556) sur 33 équipes au départ. Ceci à 9 km des 3èmes ex æquo... Quand on voit que j'ai fait 569 km avec plus de 3h30 d'arrêts, la 3ème place était largement à notre portée cette année...